Jeudi 20 Avril 2017 18h05 Aéroport International de Miami Dix longues heures de vols, et presque autant de plaintes des passagers installés dans les sièges devant nous, nous sommes enfin arrivés à destination. Après avoir été contraints de rester assis durant tout le voyage, les enfants prennent maintenant leur revanche dans ces allées interminables et ces couloirs mécaniques qui vous donnent l’impression d’aller plus vite. Enfin, nous arrivons à l’étape ultime du voyage. Encore plus stressant que de ne pas retrouver sa valise sur le tapis roulant, les questions de l’agent d’immigration. Ce mec costaud, pour la plupart du temps chauve, qui ne sourit jamais et qui n’a pas envie d’être sympa. On se tient là, debout, en attendant notre tour. Trois couleurs différentes de passeports à la main, à se demander si on est vraiment de la même famille. « NEXT » hurle t-il … c’est notre tour. Il me dévisage de la tête aux pieds en n’oubliant pas le tatouage au henné fraîchement fait sur ma main droite. Sans nous saluer, il attaque la liste des questions qu’il a pour nous. « Vous venez d’où ? » Euhhh, de chez nous, j’veux dire du Maroc. « Vous faisiez quoi là-bas ? » À part faire un bain de famille et manger des msemen tous les jours à 17h tapante vous voulez dire ? Non, je ne lui ai pas répondu ça. Mais j’en avais envie. J’avais envie aussi de lui dire qu’on ne fait rien là-bas, c’est ça qui était bien. On ne fait pas ses courses, on ne conduit pas et si t’as la flemme tu peux même te faire laver par une dame dans un endroit qu’on appelle Hammam. Et, le H se prononce. Je n’ai rien fait, à part des souvenirs. J’ai profité aussi. De chaque moment, de ma famille. Mais ça je ne vais pas lui raconter, ça ne l’intéresse pas. Je ne lui raconterai pas non plus comment j’ai adoré aller chercher mes nièces à l’école, par exemple. Une chose triviale mais que j’aurais aimé faire tellement plus souvent ! Cette même école où j’ai fait ma maternelle et dont rien n’a changé vingt-trois ans plus tard. Même pas le gardien qui a prit racine à la porte d’entrée. Cette fois j’y suis allée avec mon fils aîné. Je lui ai montré la cantine où on ne mangeait jamais rien et le gymnase où l’on participait aux activités que lorsqu’on en avait envie. J’ai aussi profité de ce voyage pour retourner dans la vieille ville de Marrakech, là où mon père a grandit. Je me suis appliquée à raconter chaque détail à mes enfants de la même manière que mon père me les racontait. Mais je n’avais pas ce pétillement dans mes yeux, et c’était ça le plus beau de son histoire. Malheureusement, je me souvenais de peu et je n’ai pas pu retrouver l’échoppe où mon grand-père tannait le cuivre ou encore, la grande fierté de mon père, sa salle de karaté. J’ai aussi dormi dans ma chambre d’adolescente. Celle dont l’entrée était interdite à mon frère et ma sœur. J’étais une très mauvaise sœur. Celle qui a été le témoin muet de mes échappées nocturnes lorsque tout le monde dormait. J’étais une très mauvaise adolescente. C’est dans cette chambre aux murs couleur coquille d’œuf et au plafond inspiré des châteaux Disney que j’ai dormi seule le soir de mes fiançailles et avec mon frère la veille de mon mariage. D’après ma mère, il est de mauvais augure de dormir seule la nuit précédent son mariage. Dormir avec un enfant serait présage d’une grande famille, et aujourd’hui je me dis que c’est peut être pour ca que j’ai deux garçons et pas de filles. Pendant ce voyage, j’ai aussi été la spectatrice émue de cousins qui ont appris à s’apprivoiser malgré leurs années d’écart et 6.922,91 kilomètres pour les séparer. Des mini-nous qui s’aiment et se chamaillent, qui sont complices et à qui on laisse faire les plus grosses bêtises. «C’est pas grave, ils ne se voient jamais !» J’ai dormi un soir entre mon père et ma mère, j’ai amené à dîner à mon frère en plein milieu de la nuit, j’ai trinqué avec ma sœur, et toute une bouteille de vin, jusqu’à trois heures du matin sur sa terrasse … Autant de souvenirs que de bonheur … Alors monsieur l’antipathique, ne me demandez pas ce que j’ai fais chez moi pendant trois semaines car la réponse vous vous en fichez. Et puis, j’ai pas envie de vous la donner … Me demander pourquoi je suis rentrée chez moi serait comme demander à la lune pourquoi elle gravite autour de la terre, à une poule pourquoi elle couve ses œufs et à une fille comme moi pourquoi elle a le mal du pays. Mais à vous, je vous le dis … J’ai fait des souvenirs merveilleux avec ceux que j’aime le plus au monde. Et j’ai aussi fait des promesses. On reviendra vite. Je t’appellerai. N’oublie pas que tata t’aime à la folie.
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Qui suis-je?Melissa, 29 ans, mariée à Mickael et maman de deux magnifiques garçons, Nathan et Nolan. Archives
Mars 2018
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