Il y a des rencontres qui ne s’oublient pas et qui restent immuables.
On peut s’en éloigner, y revenir, c’est comme si l’on ne s’était jamais quittés. On apprécie les mêmes qualités et ferme les yeux sur ces défauts qui sont toujours là. On remarque les petits changements qui sont uniquement d’ordre physique, car toi ma chère amie, dans le fond tu restes toujours là même. On se connaît depuis le berceau. Ton âge n'est pas à comparer au mien, mais tu m’as accompagnée, pas à pas, tout au long de ma vie. Tu as chanté mes nuits d’été et tu as su rester silencieuse durant les hivers froids. Aujourd’hui que nous sommes éloignées, je languis ta générosité et ta gentillesse. Cette manière de tout donner, quand tu peux faire la pluie et le beau temps. Tu es agréable et accueille toujours tout le monde à bras ouverts et avec un sourire béant. Tu es connue pour ton énergie et ta vie sociale. Tu n’as pas la notoriété de ton ainée, qui elle a le premier rang. Mais tu n’as rien à lui envier. Tu as ces beaux traits épurés et une pâleur lactescente. Physiquement, ton aspect est souvent très contradictoire. Aux antipodes, tu peux être déguenillée ou vêtue d’or et de soie. Mais lorsque l’on te connaît, on voit ta beauté même sous cette façade peu soignée au maquillage noir coulant. Tu sens la fraîcheur du bord de mer et l’espresso fumant des terrasses de café. Tu sens la brume d’été et les émanations automobiles d’une vraie citadine. Tu vis un peu comme dans un film, avec en tête d’affiche Humphrey Bogart et Ingrid Bergman. Et dans ton monde… on se fait tout un cinéma! Cela serait comme vivre dans une bulle qu’on ne peut pas percer, qu’on ne veut pas percer. Avec du recul, je ne sais pas si tes qualités priment vraiment sur tes défauts. Car lorsque tu perds ton calme et ta tranquillité, tu te transformes en une pieuvre aux mouvements tumultueux et multidirectionnels. Toutes tes tentacules s’électrifient. Chacune de tes ventouses bouillonne. Ton effervescence me fait parfois perdre la tête et me fait peur. Car dans un élan de frénésie tu emportes et casses tout sur ton passage. Notamment lorsque tu te vêtis de rouge ou de vert. Tu deviens endiablée et véhémente. Rien ne peut tarir cette énergie instinctive et fauve que tu as en toi. Tu provoques en nous, en moi, un sentiment d’insécurité. Un avant-goût glauque de dégâts dont on n’a pas l’ampleur tant qu’on n’a pas été la victime. Mais cette sensation d’insécurité est devenue si ancrée et si familière qu’elle en a perdue de sa teneur. Aux heures où les feux de signalisations sont au orange intermittent, tu oublies ta bienséance et toutes ces autres règles auxquelles tu obéis déjà bien difficilement durant la journée. Tu évolues sans cesse entre ce lieu utopique qui n’est nulle part et cette jungle urbaine où l’on n’est pas sûrs d’appartenir. Mais lorsqu’au levé du jour, au son lyrique du muezzin, tu te recouvres de cette brume fraîche qui t’est fidèle en toute saison, je te reconnais, toi mon amie, ma ville, Casablanca. Tu es le berceau de mes premiers rires, mes premiers pas, ma jeunesse dorée, mes plus belles amitiés, là où je me suis mariée. Je suis sans cesse rappelée à toi car tu es la ville où une partie de mes souvenirs et de mon coeur résident toujours. Avec du recul, je ne sais pas si tes qualités priment vraiment sur tes défauts mais honnêtement je m’en fiche. Car j’aime te respirer et être à tes côtés.
3 Commentaires
Ilanith
20/3/2018 06:42:17 pm
Excellent
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Melissa
21/3/2018 06:34:16 am
Merci beaucoup Ilanith !
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Abettan monique
21/3/2018 10:16:38 pm
Bravo!! Belle plume ...agréable à lire comme les précédentes.bonne chance
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Qui suis-je?Melissa, 29 ans, mariée à Mickael et maman de deux magnifiques garçons, Nathan et Nolan. Archives
Mars 2018
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